On retrouve John qui a arrêté de s'épuiser bêtement, et attaque avec détermination un "Plan Marathon en 3h30" en faisant aveuglément confiance à cette sainte liste comme si elle avait été concoctée par le messie Cosmo-Planétaire en personne.
Toutes les allures de mon premier plan d’entraînement étaient données en pourcentage de ma Fréquence Cardiaque Maximale, la fameuse FCM. La première étape logique consistait à déterminer le nombre maximum de battements que mon cœur pouvait produire en une minute ce qui, admettez-le, n’a vraiment rien de rassurant et peut même tourner rapidement à l’angoissant. Dans ces cas là, il ne faut surtout pas réfléchir : ça fait trop peur.
Après avoir écumé Google, j’ai essayé un peu toutes les méthodes de détermination de la FCM dans l’espoir de parvenir à un résultat raisonnablement juste. J’étais bien naïf à l’époque, j’ai donc courageusement :
- Calculé "220 moins mon âge à un cheval près" sans même avoir recours à une calculatrice, pour obtenir "177 plus ou moins 17,7". Ca n’a pas été le calcul le plus difficile, mais certainement le plus inutile.
- Utilisé la beaucoup moins célèbre équation de Robers et Lanwher pour déterminer que (208,754 - 0,734 x mon âge) était à peu près égal à 177,192. Cette fois j’ai eu besoin d’une calculatrice ce qui prouve, d'une part, que la méthode est beaucoup plus juste et d'autre part, que ce n’était vraiment pas la peine d'ajouter trois chiffres après la virgule pour parvenir au même résultat.
- Utilisé pas mal d’autres formules : Inbar (205,8 – 0,685 x mon âge = 176.345), Miller (217 - 0,85 x mon âge = 180.45) avec à chaque fois des résultats différents.
- Compris que rien ne vaut un bon test sur le terrain, mais que c'est quand même plus fatiguant que le calcul.
- Couru, après un bon échauffement, un kilomètre en accélération progressive pour finir au sprint et complètement épuisé ce qui m’a permis, lorsque j’ai repris connaissance, de constater que j’avais atteint une FCM de 181. Nouveau record.
- Subi (oui, c'est le bon terme) un test d'effort sur tapis roulant dans le célèbre centre de médecine du Sport de l’hôpital du coin ; test durant lequel on a poussé mon corps dans ses derniers retranchements en me pompant un peu de sang toutes les 3 minutes - probablement pour augmenter mon niveau de stress - et parvenir à un résultat irréfutable et approuvé à 100% par la médecine moderne : 185. Record battu.
J’avais donc amené mon palpitant, en zone rouge, au régime moteur exceptionnel de 185 pulsations par minutes et jusqu’à preuve du contraire c’était ça son maximum. Je pense que si j’avais un peu réfléchi au fait que mon cœur tournait sans interruption et sans jamais se plaindre depuis déjà 43 longues années, j’aurais probablement renoncé à faire tout ça et je me serais contenté du célèbre "220 moins l'âge du non moins célèbre Capitaine".
Ce qui est beaucoup plus drôle, c'est d'imaginer la tête de John qui, alors qu'il finissait quelques semaines plus tard son entrainement par une bonne accélération dans la petite montée de 400 mètres qu'il aimait tant, a vu apparaître fugitivement un énigmatique 201 sur son cardiofréquencemètre. La preuve était faite : il avait parfois un coeur de jeune, mais malheureusement ça ne durait pas longtemps.
John a jeté son cardio et acheté un GPS, le coeur de l'Homme est décidément trop instable.
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